hvLe 8 Janvier 2016 à 13h30 à l'INP ENSAT (Toulouse, Amphithéâtre PRUNET), Adrien Claustres, doctorant au sein du Laboratoire Ecologie Fonctionelle et Environnement (EcoLab) - UMR 5245 CNRS-Université de Toulouse, soutiendra sa thèse intitulée : Répartition des éléments traces potentiellement toxiques dans les zones de montagne : Rôle et part des facteurs naturels et anthropiques à l'échelle des temps pédologiques.

 

Ce travail a bénéficié d'une bourse ministérielle et a été réalisé dans le cadre de l'OHM Haut-Vicdessos.

Le jury sera composé de :

Gaël LE ROUX, Chargé de Recherche CNRS (EcoLab), directeur

Anne PROBST, Directeur de Recherche CNRS (EcoLab), co-directrice

David AMOUROUX, Directeur de Recherche CNRS (LCABIE)

Alain VERON, Chargé de Recherche CNRS (CEREGE)

Richard BINDLER, Professeur des Universités (Umeå University), examinateur

Olivier MASSON, Ingénieur de Recherche (IRSN), examinateur

Pieter Van BEEK, Professeur des Universités (UT3 Paul Sabatier), examinateur

Didier GALOP, Directeur de Recherche CNRS (GEODE), Directeur de l’OHM Haut-Vicdessos, invité

Résumé : Les zones de montagnes sont des écosystèmes sensibles aux changements et qui apportent des services non négligeables pour les plaines en aval (eau, biodiversité, tourisme...). La vallée de Bassiès, dans les Pyrénées Ariégeoises, est actuellement éloignée de sources d’émissions de contaminants. Cependant elle a été au centre d’exploitations minières et d’activités métallurgiques de métaux ferreux (Fe) et non ferreux (Pb-Cu-Ag) avant l’ère industrielle. Ces activités sont à même d’avoir entrainé une contamination par des éléments traces potentiellement toxiques (ETPT) dans les vallées adjacentes et d’y être stockés encore aujourd’hui. Le présent travail propose une démarche centrée sur l’analyse des apports atmosphériques en ETPT au cours du temps et l’influence des activités locales et globales sur ces apports et leur répartition dans l’environnement depuis 3000 ans. Dans ce but les ETPT ont été analysés par mesures directes des précipitations, mesures de bioaccumulation dans les sphaignes et des carottes de tourbes datées (14C et 210Pb).

Actuellement la vallée de Bassiès reçoit des ETPT d’origine anthropique dû à des apports moyenne-longue distance notamment par les précipitations dissoutes (As, Cu, Cr, Ni, Pb, Sb, V et Zn). Les masses d’air continentales estivales couplées à de fortes précipitations apportent des quantités élevées d’ETPT et les dépôts de poussières sahariennes, des quantités importantes de As, Sb et V, probablement adsorbés sur les poussières. Globalement, les apports atmosphériques en ETPT actuels sont faibles, mais ils seraient à même d’être modifiés si les changements globaux modifient les sources d’émissions et/ou bouleversent la circulation atmosphérique. L’analyse rétrospective par l’utilisation de tourbières montre des résultats clairs : avant l’époque industrielle, la vallée a été impactée à deux reprises par les activités minières (i.e. 500 BC-AD 500 et AD 1200-1600) entrainant respectivement des contaminations en Pb-Sb et Pb. Il est mis en évidence que le dépôt atmosphérique médiéval est dû à la fonte de minerais Pb-Cu-Ag sur le district minier d’Aulus-les-Bains (5 km), par la concordance de l’époque d’exploitation et la similarité des rapports isotopiques de Pb. Une des tourbières, impactées par des apports terrigènes en ETPT entre AD 1600 et AD 1950, montre que le Pb stocké pendant la contamination médiévale a pu être remobilisé depuis les sols vers les tourbières en aval. Ces transferts sont probablement dus à l’influence croisée du pastoralisme intensif et de la déforestation, ils ont entrainés la création de hotspots de contamination, à l’intérieur d’une vallée déjà fortement impactée. Ainsi les activités passée ont laissé un héritage de contamination bien plus conséquent que les apports contemporains. Ces zones, où le tourisme et la pêche se pratique en pensant, à tort, quelles sont naturelles et peu impactées par l’Homme, devraient être surveillés de plus près à l’avenir.