L’usine d’alumine de Gardanne, propriété historique de Pechiney, d’Alteo aujourd'hui, s’est imposée depuis sa création en 1893 comme un élément majeur de la vie économique et industrielle locale, jusqu’à occuper le devant de la scène depuis la fermeture de la mine de charbon en 2003. Le rapport bénéfices – inconvénients lié à l’activité de cette usine a changé au XXe siècle : l’usine générant emplois, revenus et développement économique, est aujourd’hui surtout mise en avant pour ses effets négatifs : pollutions, nuisances. La question se pose alors de l’évolution de « l’acceptabilité sociale », termes à définir, du site industriel, à mettre en relation avec les mutations des sociétés française et occidentales (désindustrialisation). Comment a évolué le compromis entre l’usine d’alumine et son milieu ? L’analyse suivra la transformation de l’usine – notamment les agrandissements successifs et la mise en service de la conduite à la mer en 1966 pour l’évacuation d’une partie des résidus issus du traitement de la bauxite, jusqu’au conflit environnemental des dernières décennies (« boues rouges », autres émanations industrielles, transports).
L’objet de l’étude historique menée ici est de proposer une entrée politique dans le sujet, à savoir comment l’usine et ses nuisances, notamment liées à l’environnement, ont été prises en considération par les responsables politiques locaux au fil du XXe siècle, comment ce groupe d’acteurs a interagi, voire influencé les autres groupes d’acteurs concernés par l’activité de l’usine et ainsi participé à l’évolution de l’acceptabilité sociale du site industriel.