• OHM Oyapock
  • Financement : Contrat doctoral de trois ans - CNRS-Labex DRIIHM - 2013-2016
  • Doctorat en ethnobotanique et technologie du bois
  • Unité d'accueil : UMR EcoFog, LEEISA et l'Université Antilles-Guyane
  • Projet associé : Savoirs locaux sur les usages et propriétés technologiques des bois de construction du bas‐Oyapock (Guyane française)

 

Diplômée du Master « Biologie Végétale Tropicale » (BVT) de l’Université de Montpellier II, je travaille majoritairement sur des questionnements interdisciplinaires de recherche à l’interface entre l’ethno-science et les sciences fondamentales (biologie, chimie, physique). Au cours de mes deux expériences de stage de Master, je me suis intéressée à la caractérisation ethnographique et morpho-métrique de l’agrobiodiversité du palmier dattier (Phoenix dactylifera L.) à Siwa (Egypte) (Master 1), puis à l’étude phytochimique de plantes issues de la flore de Guyane ayant une activité contre le virus du Chikungunya (Master 2).

Je réalise actuellement une thèse en Guyane à l’interface entre l’ethnobotanique et les sciences du bois, allant du recensement à la compréhension des usages des bois de construction dans la région du bas Oyapock, en passant par la caractérisation de leurs propriétés physique, mécanique, et de durabilité. Ce contrat doctoral est financé par le Labex DRIIHM dans le cadre de l’Observatoire Hommes/Milieux Oyapock, l’UMR EcoFoG ainsi que l’USR 3456 CNRS Guyane.

Ma recherche doctorale

Titre provisoire : Savoirs locaux sur les usages et propriétés technologiques des bois de construction dans le bas-Oyapock (Guyane française)

Mots clés : savoirs locaux, construction traditionnelle, bois rond, propriétés technologiques, physique, mécanique, acoustique, durabilité

Encadrement : Bruno Clair, CR CNRS, UMR EcoFoG (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.), spécialisé dans l’étude des relations structure/ propriétés du bois en lien avec la croissance et le développement des arbres. Damien Davy, IR CNRS, OHM Oyapock (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.), Ethnologue des techniques.

Résumé : Les études portant sur les savoirs locaux liés à la nature ont fait l’objet de nombreux travaux en Guyane, mais ils ont essentiellement portés sur les plantes médicinales (Grenand & al. 2004, Fleury 1991, Odonne & al. 2011). Les travaux portant sur les végétaux que l’on dit techniques sont relativement restreints et portent essentiellement sur la vannerie (Davy 2007, 2010a), sur les pirogues (Jabin 2003), l’archerie (Grenand 1995, Martin 2005) ou sur le bois utilisé dans l’artisanat marron (Cousseau 1999). De plus, de nombreux travaux ont mis en évidence, à l’instar de ce qui existe ailleurs en Amazonie (Balée 1994, Andel 2000, Lenaerts 2004), que ces peuples possèdent un savoir ethnobotanique et ethnoécologique d’une grande richesse (Grenand 1980, Ouhoud-Renoux 1998). Par exemple, les Wayãpi connaissent et nomment plus de 1100 espèces botaniques (Grenand & al. 2010). La pertinence architecturale et la parfaite adaptation climatique de l’habitat Kalin’a a été démontré (Boichot, 1983). Néanmoins, le bois comme matériau de construction, un usage traditionnel majeur et ancien, n’a jamais été étudié.

Ce sujet de recherche s’intéresse aux bois de construction utilisés par les différentes communautés de la rive gauche du bas Oyapock faisant frontière entre la Guyane française et le Brésil. Cette région est habitée par une grande mosaïque de peuples, qu’ils soient amérindiens (Palikur, Karipun), créoles, marrons (Saramaka) ou migrant brésiliens (Davy et al. 2011). Les trois communes rurales de Ouanary, Saint-Georges de l’Oyapock et Régina abritent encore de nombreuses personnes maîtrisant encore un savoir lié aux espèces ligneuses servant à la construction de l’habitat en bois, qu’il s’agisse de carbets amérindiens collectifs, de maisons en gaulettes créoles ou d’habitats palafittes amazoniens (Pérez & Archambeau 2012). Mais cette zone géographique, à l’instar de tout le littoral guyanais, voit ses modes de vies entrer dans de profondes mutations et les savoirs locaux de plus en plus battus en brèches ; les changements liés à la frontière (constructions des routes puis maintenant du pont) n’y étant pas étrangers. Aussi, il nous semble particulièrement pertinent, de participer au recueil des savoirs locaux ethnoécologiques liés à l’usage de la forêt.

D'autre part, les forestiers et chercheurs en sciences du bois s’intéressent depuis de nombreuses années au bois dans leurs aspects techniques: propriétés physiques (Clair et al. 2003, Ruelle et al. 2011), mécaniques (Yokoyama et al. 2009, Bremaud et al. 2010, Montero et al. 2012) et de durabilité (Amusant et al. 2008, Royer et al. 2010, Rodrigues et al. 2010a, b). Le bois est un matériau qui est à la fois souple et résistant, durable et biodégradable, avec des propriétés spécifiques appropriées pour des usages très précis, tels que les chevilles d'assemblage en cumaru (Dipteryx odorata), ou des utilisations plus générales telles que le remplissage des cloisons avec de la gaulette rouge (Licania heteromorpha). Dans tous les cas, les connaissances sur une utilisation traditionnelle des espèces de bois est le résultat d'un savoir traditionnel, avec une longue expérience de l'artisan.

Dans le but de recenser et de comprendre les usages traditionnels des bois utilisés par les différentes communautés du bas-Oyapock, nous avons fait appel à une approche pluridisciplinaire de recherche, alliant une étude ethnobotanique des savoirs locaux en lien avec la construction bois et une approche technologique en sciences du bois. Mon travail vise à mieux comprendre le lien qui existe entre la diversité des bois traditionnellement utilisée par les communautés rurales du bas-Oyapock et les propriétés objectives des bois de construction (physique, mécanique, durabilité, acoustique...). Il a également pour objectif de comprendre l'origine physiologique de ces propriétés technologiques.

Les enquêtes de terrain ont mis en évidence le manque de connaissances de la part des scientifiques et forestiers concernant les propriétés technologiques des espèces ligneuses traditionnellement utilisées, ceci en raison de leur faible diamètre exploitable (5-15 cm de diamètre), et de la grande biodiversité en espèces de ligneux que connait le département (1600 espèces au dernier recensement, Molino et al., 2009).

Les premiers tests technologiques soulignent que certaines des espèces ligneuses utilisées sous forme de bois rond pour l'habitat traditionnel ont des propriétés mécaniques très intéressantes (elles présentent un fort module d'élasticité spécifique). A la vue des premiers résultats et dans le cadre d’un récent partenariat avec le Laboratoire de Mécanique et Génie Civil (LMGC) de Montpellier (Projet financé par le Labex CEBA), nous avons été amenés à explorer ces bois exceptionnels dans une optique de création de produits à plus forte valeur ajoutée pour le développement d’un marché de niche comme la confection d'instruments de musique par exemple. Les archets de violon sont d'un intérêt particulier dans ce contexte car les propriétés du bois (haute densité et module d’élasticité, faible amortissement des vibrations) sont essentielles à la qualité finale, et parce qu’il est de plus en plus difficile de s’approvisionner en bois tropicaux historiquement utilisés par les fabricants d'arcs. Le second objectif de ce projet est de se concentrer sur une exploration plus profonde des espèces ligneuses utilisées par la communauté amérindienne et de caractériser leurs propriétés sur un grand nombre de spécimens. Une connaissance plus approfondies de ces arbres de petits diamètres pourrait notamment initier une gestion plus durable de la forêt naturelle. La finalité étant d’évaluer le potentiel de valorisation de ces bois rond pour des usages très techniques, à travers par exemple la production d’archets de violons qui seront testés par des artisans archetiers et musiciens spécialisés.

Mes productions scientifiques

Mon CV