Le haut Vicdessos est marqué par une succession de cycles industriels porteurs d’héritages dont les pollutions des sols, de l’eau et de l’air font partie. Le développement de la « civilisation industrielle » a ouvert un temps nouveau légitimant l’accroissement continu des pollutions industrielles ; cela c’est fait au nom des progrès de l’industrie, supposés bon pour l’ensemble de la société. Portée, jusqu’au Second Empire, par un état libéral sur le plan économique et répressif sur le plan social et politique, la législation est d’abord pensée pour permettre aux industriels de développer leur activité en prévenant les conflits. Le choix de polluer est donc conscient et les populations sommées d’accepter les nuisances et les risques qui y sont liées. Avec le développement de l’hydroélectricité, de l’électrométallurgie et de l’électrochimie, les Pyrénées entrent dans une nouvelle phase de mutations industrielles conduisant au développement de nouvelles pollutions ; cela s’opère dans un contexte politique et social démocratique, sans que cela s’accompagne d’une réaction face aux risques en cours de développement. D’une certaine manière, l’épisode des « Trente Glorieuses » parachève l'idée d'âge d'or technicien et économique. La période a été porteuse de la valorisation du progrès industriel et agricole centré sur l’explosion de la productivité. Elle a gommé les excès environnementaux et la question sociale, la rupture environnementaliste semblant se situer seulement à partir des années 1970. Mais les habitants du haut Vicdessos ne semblent pas s’approprier ce changement d’appréhension pouvant révéler la construction d’un processus d’inconscience des risques environnementaux largement partagé.